Brigitte Kühlewind Brennenstuhl - BKB
La galerie est ouverte à nouveau et nous vous adressons aujourd’hui la dernières des visites d’ateliers.
Les artistes ont aimé cet exercice et vous êtes nombreux à avoir apprécié ce partage.
Brigitte Kühlewind Bennenstuhl nous a adressé un compte rendu de sa période de confinement. Originaire d’Allemagne de l’est, elle parle notre langue mais ne maitrise pas aussi bien l’écrit. Nous avons tenu à vous restituer son message tel quel, en effet il exprime une part de sa personnalité… comme un accent.
Nous profitons de ce message pour vous signaler que vous pouvez enfin voir son exposition que nous avons prolongée.
Atelier de Brigitte Kühlewind Brennenstuhl
BONJOUR…….
tout d’abord j’était malade entre le 17.2. - 3.4. un virus, mais pas ce CORONA la……..GRIPPE éventuellement
donc, je resté proche d’un feu dans la maison et…………. j’ai gribouiller un peut
quelques fois je suis descendu dans l’autre maison pour voir des filmes
heureusement j’avais stocket des réserves pour manger ……
je coupé déjà 3 fois l’herbe……………………………… mais depuis 2 semaines j’ai suis retourné dans mon atelier
« FRESSE HALTEN »… veux dire... « TA GUEULE » …………d’après SERGE GAINSBOURG
pas terminé …….ca manque presque encore partout « les attaques « des virus…………
notre MONDE est en danger………….
heureusement ……………………………………………………………………Monsieur van Gogh m’ accompagne.
JE VOUS ENBRASSE TOUS…………………………………………………Brigitte KB
et je vous souhaite : BONNE SANTE
Œuvres présentées à la galerie
QUAND FREUD VOIT LA MER *
D’anciennes photographies.
Des archives sur lesquelles se dessinent les chemins de l’introspection.
La mer de Chine, une plage mexicaine, un rivage méditerranéen, au pied de dunes atlantiques.
Entre l’horizon perdu et le bord de côte, la mer et ses reflets.
La mer de tout, la mer de tous.
La mer sur laquelle raconter l’autre, la mère primordiale qui nous abrite dans les eaux calmes de son ventre et donne la vie tout en l’emprisonnant dans les grands fonds.
La mer de la mère où chercher les origines de vieilles peurs et d’insondables désirs.
Dans la profondeur de l’eau amniotique qui sommes-nous, là où la lumière n’est plus, là où sont pétrifiés les mystères de ce qui nous habite vraiment.
Des abysses de la mémoire, de l’inconscient des gouffres, remontent les fossiles d’une lointaine histoire. Ils refont surface et s’échouent parfois sur les grèves de la conscience.
Alors surgit le bleu. La couleur qui abolit le partage des eaux en un delta, une étendue calme. La mer et la mère y mêlent leurs ondes dans ce bleu de douceur apaisée.
La réconciliation est au-bout de la traversée.
Quant à Freud, pendant qu’il sondait les grandes fosses de l’inconscient habitées de pulsions archaïques, des engins de plus en plus sophistiqués exploraient la ténèbre océanique en des profondeurs vertigineuses, et allaient bientôt révéler dans le pinceau d’un projecteur une faune tout aussi primitive.
jean-michel collet - Janvier 2020
* Quand Freud voit la mer : Freud et la langue allemande de Gorges-Arthur Goldschmidt - Editions Buchet Chastel (9 mars 2006)
Principales expositions personnelles
- 1980 Musée de Pritzwalk RDA.
- 1982 "Kleine Galerie" Zossen RDA.
- 1985 Chateau Hohenzieritz RDA.
- 1987 Circolo Galuppi Tropea Italie.
- 1991 Art Galerie A.Imhof Wädenswil Suisse.
- 1992 Galerie Coopola Perigueux.
- 1995 Pavillon du Verdurier Limoges.
- 1996 "Temple du Gout" Nantes.
- 1997 Galerie "La Passerelle" Tours - "Chapelle du Carmel" Tarbes.
- 1998 "Voutes Poyennes" Bordeaux.
- 1999 L'art en stalles Pouzac Bagneres-de-Bigorre - Musée du Perigord, Perigueux. Galerie du "Pilier Rouge" Le Mans - Cinema "Le Méliès" Art et essai, Pau.
- 2001 Centre d' Art Contemporain St.Cyprien Pyrenées-Orientales.
- 2002 "Altes Pfarrhaus" Buchs Suisse.
- 2004 Musée "Alte Bischofsburg" Wittstock Allemagne.
- 2006 Maison des Arts Bages-Aude."
- 2007 Galerie Therese Roussel Perpignan.
- 2009 Le Fort de Bellegarde Le Perthus - Galerie Tenyidor Collioure.
- 2012 Maison du Chevalier Carcassonne - Casa Carrère Bages.
- 2013 Cloître à Saint-Genis-des Fontaines.
- 2014 Cloître à Ilsenburg Allemagne. Galerie MLS, Bordeaux.
- 2017 Galerie odile oms - Céret
Principales expositions collectives
- 1983 Musée Schwerin RDA Galerie Pferdemarkt Neubrandenburg RDA.
- 1984 Centre Culturel de la RDA Prague Tchécoslovaquie.
- 1985 Centre Culturel de la RDA Pedrosovodsk URSS. Bezirksausstellung Neubrandenburg RDA.
- 1986 "Arts des Pays du Bloc de l'Est" Stuttgart RFA.
- 1987 "Art of today" Budapest Hongrie.
- 1994 Galerie "Kulturarche" Prenzlau Allemagne.
- 1995 Salon "Grands et jeunes d'aujourd'hui" Paris.
- 1997 Exposition Franco-Suisse Bordeaux Galerie Kandler Toulouse.
- 1998 Ambassade Suisse Paris . Galerie Kandler "Foire Internationele d'Art Contemporain" Francfort/Main.
- 2001 Salon "Réalitées nouvelles" Paris.
- 2004 Art-Café Verteillac avec Rosy Leventon .Château de Pujols sur Dordogne . Artotheque Conseil General de la Gironde.
- 2008 A cents mètres du centre du monde, Perpignan.
- 2015 "Narcisse" Centre d'art contemporain Walter Benjamin, Perpignan.
Principaux repères biographiques
Brigitte Kühlewind Brennenstuhl est née en1949 à Veckenstedt, Allemagne de l’Est, dans un petit village près de la frontière. Elle début professionnellement comme dessinatrice industrielle, puis travaille comme graphiste, affichiste, illustratrice de livres pour enfants, designer… pour finalement, après avoir enfin été admise aux Beaux-Arts de Berlin, se consacrer exclusivement à la peinture.
Inscrite, et militante engagée, au Parti Communiste, elle connaît pourtant la prison pour avoir voulu "passer à l’Ouest". Libérée au bout d’un an seulement grâce à l’intervention d’Amnesty International, c’est l’expérience des camps de la Croix Rouge et des interrogatoires de bureaucrates occidentaux, puis elle bourlingue : Fribourg, l’Italie, la Suisse, le Mexique, le Vietnam… En 1991, elle s’installe en Dordogne ; à l’occasion d’une exposition au Centre d’Art de Saint-Cyprien, en 2001, invitée par Gilles de Montauzon, elle découvre notre Département, et le village de Lamanère où elle décide de s’installer.
Une tranche d'humanité
Une œuvre d'art se suffit à elle même, elle parle au regard ou ne parle pas. Les mots dont on la pare aprés coup n'y changeront rien, ils n'ont pas le pouvoir magique de métamorphoser une œuvre ratée en un chef-d'œuvre réussi.
Elle suspend le temps, éveille une sensibilité dans l'immédiateté d'une rencontre visuelle où se révèle une intention de dire.
Les portraits de Brigitte Külhewind-Brennenstuhl esquissent en quelques traits dépouillés à la plume ou au pinceau un visage, une silhouette ou se condense l'essentiel d'un être, d'un homme ou d'une femme.
Fruit d'une intimité librement consentie, l'Autre se donne sans fard dans la nudité de son corps anguleux, modelé dans une posture marquée du sceau de l'apparente banalité singulière.
A ces tranches d'humanité dévoilée répond un fond de folie qui sommeille en chacun de nous. Giovanni, ce fou de Zurich obsédé par le corps de ces femmes à jamais inaccessibles est croqué dans un style primaire et régressif empruntant ses lignes au dessin d'enfant.
Les peintures inspirées d'une musique, d'un livre ou puisées au creuset d'un rêve, appartiennent à un genre à part. Plus décoratif peut-être à l'instar d'une affiche comme pour cette peinture intitulée Charly Mariano. Mais les préoccupations existentielles de l'artiste ressurgissent sous la forme de deux peintures tirées d'un vécu, d'une expérience personnelle. la ronde des femmes sous la neige dans la cour de prison de Prenzlau, mais plus encore ce temps mort qui n'en finit pas de mourrir avec ces silhouettes surmontées d'une tête blanche disent l'isolement et la solitude dans un espace clos. Des petits groupes, des corps juxtaposés sur un banc dans une ambiance glacée de bleu et de hachures comme un vide qui au delà des murs renvoie à notre propre enfermement.
Ni révolutionnaire, ni bien pensant, le travail de Brigitte Külhewind-Brennenstuhl nous invite à un retour sur soi, à un changement de perspective, à un questionnement sur notre quotidien dont on ne perçoit plus l'étrangeté, la richesse et l'importance. Une pause donc,histoire de se ressourcer, de revenir à l'essentiel.
Ludovic Pizano - "Ici" Mars 1995
La neige en confiance
Quand on découvre pour la première fois le travail de Brigitte Kühlewind Brennenstuhl (il semble admis de l’appeler BKB…), on peut avoir l’impression d’être dans le domaine de l’abstraction.
On n’en est pas loin, mais bien vite pourtant, on se rend compte qu’il ne s’agit pas de cela.
Cette peinture là est bien une peinture "qui raconte des histoires". Plutôt bavarde, même.
Une foule d’histoires qu’on devine du domaine de l’intime. L’intimité de l’artiste, faite d’une multitude d’histoires qui sont son histoire, une histoire avec des épisodes pas ordinaires.
Qu’il s’agisse de sa vie familiale, sentimentale, politique ou professionnelle.
Une vie particulièrement riche en évènements, pas toujours heureux, pas toujours tragiques, parfois assez exceptionnels, parfois plutôt communs, presque banaux. Mais qui, pareillement, la construisent, et construisent sa peinture.
Alors, sa peinture est naturellement émaillée de "souvenirs" de ce vécu, des signes/signatures dont on ne saurait à priori déceler ce qu’ils peuvent signifier. Comme par exemple ces boutons utilisés de manière récurrente, qui nous laissent supputer les plus invraisemblables histoires de mercerie.
Cela est déjà, aussi, dans les supports : feuilles arrachées d’un livret de partitions musicales ou d’ouvrages d’économie politique, page de quotidiens ("Le Monde" notamment)…
On ne sait pas toujours bien de quoi il s’agit ? Et alors ? Alors, étrangement on a aussi comme l’impression que c’est aussi nous-mêmes que racontent ces peintures tant elles nous touchent directement.
Et puis on peut se recentrer sur l’aspect plus formel du travail de BKB. Et là, c’est bien différent ; on est dans le dépouillement, l’économie de moyens et l’absence de tout artifice. Quelque chose de cru, de rugueux, de direct, presque abrupt. Du « brut de cuve » comme diraient les œnologues. Et cette force, pas si "tranquille"…, qui en transpire. Tout cela dans une palette réduite aux couleurs "tragiques", aussi les couleurs de la révolte : le noir, surtout, et le rouge. Le blanc aussi, quand même. Le noir du cirage, le rouge des têtes d’allumettes, le blanc du dentifrice : les seules couleurs dont elle disposait durant son internement.
Galerie du Tenydor, Collioure