Jean-Marc Lebruman

Nous voici tous reclus pour une durée indéterminée. Les galeries et les lieux d’expositions sont fermés et les artistes devenus invisibles.

Au sein de leurs ateliers ils poursuivent leurs travaux sans savoir quand ils pourront à nouveau être exposés.

Pour garder le lien avec eux nous leur avons demandé de nous adresser quelques photos d’ atelier, des travaux en cours ou œuvres dernièrement réalisées.

Les événements que nous vivons laisseront des traces dans nos vies, et dans leurs œuvres. Nous essaierons ici de décrypter les indices de leur évolution. Nous vous offrons de les découvrir,

Atelier de Jean-Marc Le Bruman

Avril 2020

Quand le confinement est officiellement décrété à compter du 17 mars, je ne réalise pas combien le rythme dans lequel je vis, depuis plusieurs années maintenant, va faire de cette période, douloureuse pour chacun, une épreuve pour l’homme mais aussi pour le peintre que je suis.

Mon atelier est à Sète mais je réside encore à mi-temps à Châteauroux dans l’Indre. Les cinq centaines de kilomètres qui me séparent de mon atelier ne m’empêchent pas de me retrouver régulièrement auprès de mes toiles et des odeurs lourdes d’huile et d’essence qui m’emplissent et me soulagent.

Vues de l'atelier de Sète

Ma maison castelroussine est en vente et je prépare consciencieusement le déménagement.

A tel point que le 13 mars j’ai descendu à Sète tout ce qui restait d’outils, de toiles, de peintures, de pigments, de pinceaux, de produits, de châssis… il ne me reste plus à Châteauroux que quelques carnets pour dessiner et de quoi assurer mon travail quotidien dans mon agenda : depuis 1991 je laisse une trace, au jour correspondant, dans un agenda ordinaire, toujours le même papier, le même format. C’est dans ces pages que j’éprouve le temps, voire que je valide visiblement, sensiblement, qu’il a une réalité.

Ce qui était encore il y’a peu mon atelier berrichon est désormais envahi des anciennes toiles et autres rouleaux de dessins que je conservais près de moi et que je m’apprêtais à déplacer.

Coup d’arrêt brutal. Le choc est violent et il me laisse au début sidéré. Comment vais-je faire ? Comment vais-je travailler ?

En trente ans jamais rien ni personne ne m’a empêché de peindre ! Je réfléchis aux déplacements mais aussi aux risques qui les accompagneraient.

Je me résigne. Je me résous à rester à Châteauroux et à travailler avec les moyens du bord.

La contrainte physique du confinement me rend difficile cependant de poursuivre mon travail conduit depuis maintenant sept ans sur la figure équestre du Templier au visage à deux faces. Travail qui se nourrit tout autant de la mission culture-justice que je conduis à la Maison centrale de Châteauroux que de mes trajets entre Châteauroux et Sète. Travail qui puise son énergie dans cette tension entre deux polarités très éloignées mais dont je suis tout entier l’articulation.

Quoi peindre ? Quoi dessiner ? Pour dire quoi ? A qui ?

Alors j’ai pensé à Chaïm Soutine qui fût entre 1926 et 1927 résidant berrichon lui-aussi, non loin de Châteauroux. J’ai pensé à tous ces peintres que notamment les guerres ont isolé.

Que peindre et dessiner sinon ce que j’ai devant moi, le paquet de tabac, le verre de vin, le pot d’eau et les pinceaux, le flacon d’encre et la plume… Finalement tous ces petits objets qui deviennent les compagnons de l’isolement ? Compagnons d’une route figée, d’un voyage sans autres déplacements que ceux qu’ont fait entre les pièces de la maison.

Et puis il y’a aussi les autoportraits. Comme pour se rassurer, regarder dans le miroir que l’on est toujours là. Que l’on existe toujours. Au sens où exister c’est se tenir au-dehors de soi, pour rencontrer l’autre. Des autoportraits pour éprouver la présence du corps et dont on soupçonne parfois qu’il s’efface doucement dans cette solitude contrainte.

Une idée me vient au milieu du trouble, « les attestations de déplacements dérogatoires » seront le support parfait pour ces dessins car aussi elles seront redondantes de ce que là nous vivons, nous tous.

Jean-Marc Le Bruman 22 avril 2020, Châteauroux Berry

A Châteauroux Berry, 22 avril 2020

Dessins " Purgatoire" Avril 2020

Œuvres présentées à la galerie

Figuration vivre

Je peins pour raconter une histoire.

Celle tout simplement de la vie que je vis.

Et ce faisant, je fabrique ma vie dans le même temps, le même geste.

Je la mets en forme dans mon travail de peintre et cette mise en œuvre la construit.

Quand je peins, à la fois je brosse des figures qui disent ce que je vois, perçois, ressens, éprouve…Et tout autant, j’oriente mon désir vers là où je pressens qu’il est capital que j’aille. Car, peindre m’offre la possibilité d’accéder à mon imaginaire, lequel m’ouvre à des horizons que ma raison ignore.

Ces perspectives alors, vers lesquelles je tends, je les désigne à moi-même selon un ensemble de points qui à chaque fois font sens, pour moi. Et ainsi, petit à petit je dessine une carte qui révèle l’histoire que je souhaite conter.

Cette cartographie, je la nomme mon cosmos intérieur, dont les points - qui sont des étoiles - s’alignent selon la constellation que je suis au plus profond de moi. Ce que je pense nous sommes tous, à chacun de trouver sa constellation.

Plus que vivre je fais ainsi l’expérience d’exister. Pas de côté sans cesse, j’échappe à ce que je crois connaître de moi-même et c’est cela l’histoire que je raconte. Comment la peinture me conduit sur des chemins que jamais sans elle je n’aurais pris.

Ce sont ces écarts, parfois des égarements, que je vous donne à voir dans ma peinture, qu’ils se nomment « Peintre et modèle » ou « L’ici , forgeant au dedans de l’être », « Dans le brasier du monde « , « Le recours à la forêt » ou encore ,« Chevalier »...

JM Le Bruman

Mise en oeuvre

2018 Dans le cadre de l’exposition « L’évasion sans liberté « au MIAM, Sète présentation des travaux des détenus de Saint Maur

2015 co-création de « Dehors Dedans » avec Hervé Di Rosa et des détenus de la Maison centrale de Saint-Maur, exposition musée Saint-Roch, Issoudun. Intervenant Ecole Nationale Supérieur d’Art de Bourges, formation CEPIA et IRTS Montpellier, module « culture publics empêchés »

Depuis 2014 Producteur émission radio reportage « Périphérie » sur RCF en Berry

Depuis 2011 Facteur de culture en milieu carcéral pour le SPIP de l'Indre

2000-2009 Collection contemporaine galerie Katia Granoff, Honfleur. Création de « Châteauroue® » exposition collective et déambulation, 30 artistes dont Gérard Deschamps, Châteauroux

2007 Double créations scénographiques « Journées du patrimoine » commande du Conseil Général de l’Indre, musée Argentomagus et château de Bourges

2006 Exposition « La matière du symbole » château d’Ars, La Châtre. Collection contemporaine galerie Odile Oms, Céret .

2004 Création et gestion de l’atelier collectif Ange Canaille au Poinçonnet (36) : résidences temporaires d’artistes, ateliers participatifs, expositions collectives.

2003 Exposition personnelle « Chantier des Paradis », église Saint-Martial Châteauroux.

2001 Exposition « L’esprit de la boue» espace Art Brenne, Le Blanc

1994 : Galerie Renaud Richebourg, Paris.Création d’un décor pour une chorégraphie de France Hervé au Casino de Paris . 

1992 - 1989 BTS Plasticien Ecole Supérieure des Arts Appliqués Duperré, Paris. École d’Art, Le Havre (76)

Mes mains peuvent-elles m'aider à mieux voir ?

Henri Bergson disait juste : " La visée de l’art est l’extension du champ de la perception".
Mais, Roland Barthes a ajouté depuis : " Nous voguons sans cesse entre l’objet et sa démystification, impuissants à rendre sa totalité : car si nous pénétrons l’objet, nous le libérons mais nous le détruisons; et si nous lui laissons son poids, nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié".L’artiste cherche le réel.

Sujet, il veut s’approcher au plus près de l’objet; se tenir sur le seuil de sa totalité intrinsèque. Non pas le saisir. Barthes le dit bien, nous sommes" impuissants à rendre sa totalité ". Les théories des sciences physiques le démontrent aussi parfaitement, la structure d'un même objet n’est pas identique selon l’échelle de l'observation et les outils utilisés. Pourtant, traquer le réel; malgré la beauté, celle-ci ayant son propre chemin. Le Christ ne nous rappelle-t-il pas que la beauté est même dans le cadavre pourrissant d’un chien. Traquer le réel plus loin que plaire car c’est alors la stérilité assurée. Traquer le réel comme une chasse au singulier. Même si personne n’y entend rien. Même si la lecture qui est faite de l’œuvre ne dit pas cet effleurement de la réalité que l’artiste a fouillé. Même si le discours ne s’applique qu’à relever la capacité technique de l’artiste à manier judicieusement sa materia prima. L’artiste est solitaire à l’heure de son geste affûteur du réel. Il tient comme un secret calice les rares fois où le piège a fonctionné et s’est refermé sur ce qu’il croit être une vérité.

1999, j'entame un travail sériel, à l'huile sur toile, sur le thème du Christ en croix. Cette image fondatrice, parmi d'autres, de notre société me trouble et la peinture, par réflexe, circonscrit mon champ de questionnement. Parallèlement, et au rythme des saisons, je traverse d'autres séries dont le modèle est à chaque fois issu de la réalité visible telle que nous la partageons tous; par exemple, les outils du peintre dans l'atelier. Ainsi, en 2005, j'aborde une nouvelle série : la place du bourg du Poinçonnet depuis la fenêtre du lieu où je travaille, au 1er étage d'une ancienne école, face au trio mairieégliseécole. Je ne sais pas, comme à l'accoutumée, où cela m'entraînera; il faut peindre. Tandis que je multiplie les toiles, il m'apparaît que l'intérêt entier de la composition se porte sur l'axe vertical représenté par l'église et surtout sur la porte de l'édifice, finalement au centre de la toile. Dès lors, mon travail s'oriente et par là même oriente ma réflexion sur le sens, d'une part, de l'achitecture-église et, d'autre part, de la porte en tant qu'elle est seuil entre deux mondes, intérieur/extérieur. L'église, devant mes yeux à l'affût, redevient femme, maman car enceinte voire, ventre car comme une grotte externe. La porte, quant à elle, devient mandorle et figure en une tache jetée, par hasard ou intuitivement, la vierge à l'enfant. Mais, contre toute attente, la forêt non loin végétalise peu à peu l'église, bien commune, du bourg et la dernière toile de la série offre une vision quasi fantastique de l'édifice.

À la mesure de la roue des saisons, revient le printemps et comme une évidence - a posteriori - 2006 m'entraîne avec toiles, tubes et pinceaux au creux de la forêt du Poinçonnet. De nouveau, j'avance à vue. Je veux pour le moins m'essayer à un sujet, un modèle des plus difficiles ( il y a aussi la découverte du Derain post fauvisme ). Comme pris par surprise, je découvre ici que la forêt est un monde en germe. Germe du nôtre, bâti, architecturé. Germe de toutes les lignes, de toutes les perspectives que nous avons, au cours de l’histoire humaine, conceptualisées en termes géométriques. Je chemine à rebours. De l'église de pierres taillées, j'en viens à l'église végétale. Les arbres proclament toutes les colonnes; toutes les allées, naturelles ou non, arborent les voûtes, les arcs et les arches. La forêt annonce ainsi un autre seuil. Seuil entre un extérieur et un intérieur temporels cette fois, non plus spatiaux ou disons exclusivement spatiaux. Un voyage dans le temps donc, dès lors que le temps n'est plus linéaire telle une flèche horizontale mais une succession de strates à travers lesquelles circule la mémoire collective, ainsi qu'elle est désignée par Carl Gustave Jung, depuis le passé et depuis l'avenir.

La forêt germe primitif de notre monde bâti mais également germe futur d'un monde inédit. L'été arrive, calme les ardeurs spirituelles, intellectuelles au profit de la superficialité heureuse du corps dénudé, réceptacle de nouvelles informations, chaleur, fraîcheur, fluidité... Enfin l'automne. Je change d'atelier et l'on m'installe dans une pièce, qui pour différentes raisons se tansforme pour moi, en une caverne. Je décide, par défaut, de peindre cette pièce. Je ne sais pas où je vais, je m'intéresse à l'idée de représenter le volume du lieu, l'épaisseur de la lumière électrique. Cependant, au détriment des accessoires de l'atelier, s'impose sur la toile l'embrasure de la porte donnant sur la cuisine voisine et par laquelle parvient une frêle clarté qui contraste avec l'éclaboussante lumière électrique. Bon sang, toujours la porte, le seuil. Et quelle porte ! Seuil entre un monde incarné dans lequel rayonne un éclairage au travers d'une obscurité close et un monde connu mais écarté duquel provient une lueur bleutée, couleur de l'âme, générée d'elle-même, sans labeur.

La porte est symbole, le symbole lui-même est une porte

Car, de tout ce travail, il n’y a, au final, qu’un ensemble de toiles de plus ou moins belles factures, n’innovant rien quant à la représentation de la réalité par le médium peinture. L’essentiel tient dans la relation du monde à moi-même et réciproquement. Grâce à cette relation sensible, émerge du réel et de moi-même une vision symbolique qui me raccroche au tout dont je suis, comme chacun d’entre nous, arraché dès lors que je suis né. Le sens étymologique du mot symbole retrouve là toute son acception : il s’agit de rapprocher les morceaux d’un même objet partagé. Le symbole est ainsi révélé par le geste artistique, en tant que celui-ci est poursuite du réel. Le symbole raccroche, dans l’instant, l’être seul au grand Tout. Il est le sens même de mon travail artistique. Par soucis de vie, de rester en vie. Car ce geste de peinture est, pour moi et je le crois pour tout artiste, un geste apotropaïque. Ernst Jünger n'ecrivit-il pas : " La question cruciale est de savoir si l’on peut délivrer l’homme de la peur".

Jean-Marc Le Bruman - Châteauroue, le 7 février 2007

Coffret des langues.

Ce qui est en haut conjoint ce qui est en bas.

J'entends les pulsations de l'univers; le cœur de maman-monde.
Son utérus condense, ainsi qu'une grossesse,
ma naissance et ma mort jumelles.
Je suis nourri des martèlements prodigues de cette forge,
au centre radieux de toutes les circonvolutions.

Dès lors, j'habite ici, la face;
dressé à l'orée du mont crâne, croisillon de la figure.
Ne m'imaginez pas posté à la commissure
des lèvres, à l'affût d'une foulée, vers le dedans ou le dehors.

Non, je suis la lippe même de la percée.
Le pourtour du précipice.
Je ne sombre pas vers la trachée mais pas plus
je ne culmine vers l'extrémité de la langue.
Non, je suis moi-même la gueule du gouffre.
La bouche en tant qu'elle est lieu, et non source,
des succions et des souffles.

Le Bruman, 2007

Repères biographiques
2015 « Dehors-Dedans » Hervé Di Rosa et la Maison Centrale de Saint-Maur, exposition au musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun
2011 Depuis 2011, travail de culture en milieu carcéral, coordination culturelle SPIP
2009 Galerie Katia Granoff, Honfleur, collection permanente depuis 2009.
2007 Galerie Katia Granoff, Honfleur " Les Forêts,les Ateliers, les Eglises". Peintre permanent de La Galerie, au Carantec . Double créations scénographiques dans le cadre des « Journées départementales du patrimoine » commandées par le Conseil Général de l’Indre; musée Argentomagus et château de Bouges .
2006 Chateau d'Ars, "la matière du symbole" (peintures et dessins). Peintre permanent de la Galerie Odile Oms, Céret. Exposition "Châteauroue, une cité d'utopie et de rencontres.", hall de l'Hôtel de Ville à Châteauroux . Avec les textes d'Anthony Raffé, création d'un espace d'exposition, centre Cabinet de Curiosités et Musée des Arts et Traditions Populaires, ouvrant sur une cité imaginaire, "Châteauroue", centre d'un monde mythifié.
2005 Galerie Katia Granoff, Honfleur "Personnages, Ateliers, Paysages"
2003 Mise en place de "l'atelier du bourg" au Poinçonnet et, avec l'association Ange Canaille, d'expositions collectives sur le thème : "Qu'est-ce que, pour vous, l'inspiration ?". Exposition "Mise en Scène d'Atelier", Galerie Bleue, Saint-Michel-en-Grève . Exposition personnelle, Galerie Katia Granoff, Honfleur "Le Peintre, l'Atelier, ses Modèles" questionne l'acte de création : qu'est-ce que l'inspiration ? Qui (ou quoi) inspire ? Qui peint ? Intervention au Lycée Saint-Joseph de Bressuire et création pour les Lycéades 2003 d'une œuvre murale avec des élèves.

2002 Intervention dans une classe de cinquième au Collège de Saint-Savin-sur-Gartempe (86). Initiation au processus de création vécue comme une rencontre mains-matières.
2001 Exposition "l'Esprit de la Boue", Espace Art Brenne, Le Blanc (36). Neuf pièces confirment les thèmes anthropomorphes amorcés à Honfleur. Les matières s'épaississent tendant à la rugosité, à la densité du bitume, du béton. Exposition de 12 Apparitions, crypte de l'église La Souterraine (23).
2000 Galerie Katia Granoff, Honfleur, réapparition d'images puisant leurs racines dans l'icônographie sacrée occidentale (Madone, Christ) ainsi que dans l'imaginaire profane (Peintre et Modèle, Atelier).
1999 Exposition colective à Châteauroue (MLC) et à Déols, création de l'Association P665 Rond Point et ouverture d'un atelier collectif, lieu de travail et d'expositions. Des paysages à l'huile peints sur le motif marquent la rupture avec le travail parisien. Cependant, l'approche méditative de ces images conforte la réflexion existentielle du travail.
1996 Exposition collective avec les Points Communs, Paris (11e). Réalisation de toiles collectives peintes dans la rue à Paris, Tours, La Rochelle avec le même groupe.
1995 Galerie Renaud Richebourg, Paris (3e). Travail à l'acrylique, vécu comme un voyage initiatique à travers l'histoire de la peinture. Les sujets sont inspirés des thèmes récurrents de l'Art.
1994 Création d'un décor pour une chorégraphie de France Hervé au Casino de Paris .
1992 BTS Plasticien de l'Environnement Architectural, ESAA Duperré Paris L
1989 Ecole d'Art, Le Havre (76).
1970 Naissance à Caen.